Présentation de la commune de Vicq-sur-Gartempe

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Les traces d'occupation humaine les plus anciennes datent du paléolithique supérieur (même période que le Roc aux Sorciers à Angles-sur-l'Anglin) et ont été observées à la Guyonnerie. La prospection archéologique et les photographies aériennes ont révélé l'existence de plusieurs sites gallo-romains concentrés près de la rivière, dont deux villas, aux Charrons et à la Berthomière.

La première mention de Vicq dans les textes date de 1080. C'est l'église Sainte-Serenne qui est citée : "Ecclesia Sancte Serene in loco qui dicitur Vicus, super fluvium Engle". Ce texte indique par erreur que Vicq est situé au bord de l'Anglin. De nombreux manuscrits anciens placent ainsi Vicq, de façon erronée, sur les bords de la Creuse ou de l'Anglin.

Vicq comptait autrefois probablement trois églises. L'église Sainte-Serenne, citée donc dès 1080, dépendait de l'abbaye Saint-Cyprien de Poitiers. Aujourd'hui disparue, elle était située dans le bourg, probablement à proximité du Terrier-Sainte-Serenne, chemin descendant à la Gartempe depuis l'actuelle mairie. En 1748, ce prieuré présente une chapelle et un logis constitué de deux niveaux chacun de deux pièces. Des travaux sont mentionnés en 1789, mais il n'existe plus de trace de ce prieuré lors de la réalisation du plan cadastral en 1827.

L'église Saint-Maurice, citée en 1210, a également disparu. Selon la tradition orale, elle était située à l'emplacement d'une maison actuelle, dans le hameau des Guyots au sud du bourg.

L'église Saint-Léger, de nos jours la seule église de Vicq, dépendait d'un prieuré sous le patronage de l'abbaye Sainte-Croix d'Angles-sur-l'Anglin. Le choeur de l'église, le clocher et la façade datent de la seconde moitié du 12e siècle, alors que la nef date du 13e siècle. Les autres bâtiments du prieuré, aujourd'hui disparus, étaient peut-être accolés au nord de l'église.

Le bourg de Vicq se développe alors au Moyen Age, autour de ces édifices religieux, sur la rive gauche de la Gartempe. Son développement semble étroitement lié à la rivière, puisqu'il est situé au carrefour de plusieurs routes convergeant vers une zone de franchissement de la rivière. Il s'étend en effet en longueur entre les deux anciens points de passage du cours d'eau : le bac au sud et le gué au nord. Un pont est mentionné en 1496, mais il est probablement détruit peu de temps après car il n'est plus cité durant toute l'époque moderne. Le bourg est implanté sur un surplomb formé par des terrasses successives et plusieurs chemins, en forte pente, communiquent entre Vicq et la Gartempe : l'actuelle rue du Pont, le terrier des Violettes, le terrier Sainte-Serenne et le chemin des Roches.

Les divisions administratives étaient complexes sous l'Ancien Régime, particulièrement dans les zones frontalières entre plusieurs provinces, comme les Vals de Gartempe et Creuse. Vicq appartenait à l'ancienne province du Poitou, à la limite des provinces du Berry et de la Touraine. Vicq dépendait de l'élection du Blanc (administration et impôts) et de la sénéchaussée de Poitiers (justice).

Sous l'Ancien Régime, la commune était partagée en cinq fiefs importants : la Brosse, Jeu, Bois-Garnault, la Forest et Maison-Neuve. Tous étaient aux mains de familles puissantes, résidant dans des châteaux et manoirs parvenus pour la plupart jusqu'à nous. Ces seigneurs percevaient des revenus sur les terres, les péages et les moulins. Plusieurs moulins sont représentés sur la carte de Cassini à la fin du 18e siècle : trois moulins étaient implantés sur le ruisseau de Ris : Ris, Moulin Pétonin entre la Baudonnière et la Châtaigneraie, et Gauffran, près de Changobert. Trois autres moulins existaient sur ces petits cours d'eau, l'un entre la Moralière et Trigonnais, un autre près de Chancelay et un dernier près de Crémille. Etrangement, le moulin situé sur la Gartempe au niveau du bourg, reconstruit en 1689 et disparu au milieu du 20e siècle, ne figure pas sur la carte de Cassini.

La Révolution met fin à ce système et crée les communes. La commune de Vicq reprend les contours de la paroisse Saint-Léger. Pour des raisons d'homonymie, elle prend le nom de Vicq-sur-Gartempe à la fin du 19e siècle.

Sous la Révolution, le culte catholique est interdit et les curés réfractaires sont persécutés. André-Hubert Fournet (1752-1834), curé de Maillé et fondateur de l'Institut des Filles de La Croix à La Puye, canonisé le 4 juin 1933, n'hésitait pas à braver ces interdits. Il se rendait fréquemment à Vicq, où ses actes sont restés dans la mémoire des habitants. À son retour d'exil en 1797, il célébrait des messes clandestines, notamment aux Tardes ou à la Berthomière. À la Chabosselière, dans la demeure de M. Guyot de Douces, alors qu'il célébrait la Fête-Dieu en 1798, deux gendarmes sont venus pour l'arrêter, mais ils ont pris la fuite, impressionnés par la foule réunie. Un jour, alors qu'il était tombé malade à Montin et qu'il était soigné dans une ferme, il a reçu la visite de gendarmes, qui l'ont vu sans le reconnaître. Son action n'est probablement pas étrangère à l'importante ferveur religieuse des paroissiens de Vicq, dont témoignent des manuscrits de curés de Vicq au 19e siècle.

La création de la commune de Vicq entraîne la construction au 19e siècle de plusieurs édifices destinés au service public. L'école des garçons est construite en 1864-1866 dans la Grand'Rue et accueille la mairie au premier étage. Une école des filles est ensuite érigée en 1880 sur la place du bourg. Un premier bureau de poste est installé à l'angle d'un carrefour de la Grand'Rue en 1880. La commune aménage également la place du bourg en 1876-1877. À proximité du gué sur la Gartempe, un pont à péage est construit en 1840 et exploité par une société privée bordelaise. Détruit par une crue en 1880, il est remplacé par un nouveau pont l'année suivante. Malgré la demande d'Elie Trépeau, maire de Vicq en 1880, la ligne de chemin de fer qui relie Châtellerault à Tournon-Saint-Martin ne dessert pas la commune. La gare la plus proche est inaugurée à Pleumartin le 5 avril 1891.

Grâce à l'activité économique importante de la commune au 19e siècle, la population de Vicq était alors beaucoup plus nombreuse qu'aujourd'hui. Le premier recensement de population, effectué en 1793, dénombre 1 471 habitants dans la commune nouvellement créée. La population augmente lors des décennies suivantes pour atteindre son maximum avec 1 907 habitants, en 1856. Elle diminue ensuite lentement pour atteindre 1 384 habitants, en 1901.

L'activité principale de Vicq était l'agriculture : les céréales, l'élevage, ainsi que la vigne. L'établissement du plan cadastral en 1828 permet de connaître l'occupation des sols à cette date : la vigne occupait alors 5 % de la surface de la commune. Elle était particulièrement concentrée à l'est de la commune, également autour de Chancelay et surtout autour du bourg où elle était plantée de part et d'autre des différents chemins.

La production de chanvre était présente, notamment dans le hameau de Ris, où la proximité de la Gartempe permettait son rouissage (action de faire tremper des plantes textiles pour séparer les fibres). Plusieurs champs de ce hameau sont dénommés "chènevières" sur le plan cadastral de 1827, nom qui évoque cette culture. La culture de prunes était pratiquée dans la commune. De nombreux pruniers étaient plantés autour des villages de Montin et de la Serenne. Après séchage dans les fours, les pruneaux étaient vendus à la foire aux pruneaux qui se tenait à Vicq chaque année le 18 octobre. Le champ de foire, situé près de la place du bourg, accueillait six foires par an. D'autres évènements ponctuaient la vie villageoise tels que la fête des laboureurs qui avait lieu à la Saint-Blaise.

Alors que l'activité agricole prédomine dans les hameaux, l'artisanat et le commerce étaient particulièrement développés dans le bourg. Les commerces étaient nombreux, sur la route de La Roche-Posay, sur la place du bourg, et surtout le long de la Grand'Rue. Les devantures et vitrines, encore visibles au rez-de-chaussée des maisons qui bordent cet axe, témoignent de cette activité commerciale importante qui s'est poursuivie jusqu'à ces dernières décennies. Des artisans tels des forgerons et des charrons, avaient leur atelier dans le bourg. Les Jours d'Angles, qui ont fait la renommée de la commune voisine, étaient aussi confectionnés à Vicq, où plusieurs ateliers d'ajoureuses étaient installés au 19e siècle et jusqu'au milieu du 20e siècle.

Des tuileries sont mentionnées à la Guyonnerie au 19e siècle. Selon les matrices cadastrales, François Parent y a construit une tuilerie, en 1856. Cette même année, deux tuiliers, Antoine Parent et Jacques Fougeron, ainsi que leurs ouvriers, sont mentionnés dans les recensements de la population. L'activité a disparu des recensements dans les années 1870.

À l'aube du 20e siècle, Vicq bénéficie d'innovations telles que le téléphone, en 1910, et l'électricité, à partir de 1920. Le bourg continue de s'étendre. Outre deux villas construites à la sortie du bourg - l'une, en 1905, sur la route de Saint-Pierre-de-Maillé et l'autre, en 1906, près du pont - de nombreuses maisons, entourées de jardins, apparaissent de part et d'autre de la route de La Roche-Posay. Un nouveau bureau de poste est érigé sur la place en 1931. La même année, un pont métallique est construit pour remplacer le précédent, emporté par une crue en 1927. En mauvais état dans les années 1980, il est à son tour remplacé, en 1989, par le pont actuel, en béton.

Le peintre Léon Pouteau a habité plusieurs années à Vicq-sur-Gartempe, pendant et après la Première Guerre mondiale. Né en 1868 à Herbault (Loir-et-Cher), il suit les cours du peintre Charles Busson à l'Académie de Tours et il participe au Salon des Artistes Français en 1888. Il quitte alors la France pour s'installer à Bruxelles où il réalise des peintures en série pour un marchand de tableaux. Déclaré inapte au service militaire lors de la Première Guerre mondiale, il se retire chez sa sœur, Madame Chédozeau, à Vicq-sur-Gartempe, alors que sa femme et sa fille se réfugient aux États-Unis. Il habite pendant quelques années une maison située dans le bourg de Vicq, près de l'actuelle mairie, avant de s'installer dans le village voisin d'Angles-sur-l'Anglin. Durant ces années passées dans les vallées de la Gartempe et de l'Anglin, il a peint de nombreux tableaux (paysages, bâtiments, scènes de la vie rurale, portraits).

Après une brève remontée au début du 20e siècle, la population de Vicq baisse à nouveau, avec 1 189 habitants en 1946, au lendemain de la guerre, 1 014 en 1968, avant d'atteindre son plus bas niveau en 1 990 avec 668 habitants. Naturellement, l'activité économique de la commune suit une courbe similaire. L'artisanat décline et beaucoup de commerces ferment à partir des années 1960, victimes de la baisse de la population et de la démocratisation de l'automobile. Révélateur de ces évolutions, le champ de foire est transformé en parking en 1966. Les deux écoles sont regroupées en 1974 et l'ancienne école des filles est convertie en salle des fêtes. Un terrain acheté par la commune quelques années plus tôt sur la route de La Roche-Posay pour construire un groupe scolaire est finalement consacré a l'aménagement d'un terrain de sport.

Le nombre d'exploitations agricoles a également chuté lors des dernières décennies. Par exemple, à la Châtaigneraie, il y avait douze exploitations agricoles dans les années 1960-70, il en reste deux. Vicq compte actuellement 17 exploitations agricoles. La population s'est aujourd'hui stabilisée au-dessus de 700 habitants, avec 727 habitants en 2008. Les commerces ont déserté la Grand'Rue et sont maintenant concentrés sur la place du bourg et la route de La Roche-Posay (épicerie, boulangerie, café, brocante et garage). Profitant de l'essor du tourisme, de nombreux gîtes ruraux ont été aménagés dans des maisons et fermes anciennes qui ont ainsi été restaurées. La place du bourg est aménagée en 2001 et l'actuelle mairie est inaugurée en 2007, à l'emplacement de l'ancien presbytère construit par Claude Robinet, en 1678.

La commune de Vicq-sur-Gartempe occupe une position centrale dans les Vals de Gartempe et Creuse. Elle est limitrophe des communes de La Roche-Posay au nord, Pleumartin au nord-ouest, Saint-Pierre-de-Maillé à l'ouest et au sud et Angles-sur-l'Anglin au sud-est. À l'est, elle borde également les communes de Néons-sur-Creuse (département de l'Indre) et Yzeures-sur-Creuse (Indre-et-Loire). D'une superficie de 3322 hectares, elle mesure environ 10 kilomètres de l'est à l'ouest et 5 kilomètres du nord au sud.

Son sous-sol est composé de différentes roches calcaires, comme la pierre de Montin, dont la teinte ocre rouge est due à la forte présence d'oxyde de fer. Exploitée dans les carrières situées près du hameau de Montin, elle est visible dans de nombreuses constructions concentrées autour de ce lieu. La pierre meulière (roche sédimentaire siliceuse) était extraite dans la forêt près du Vivier et servait à la fabrication de meules pour les moulins. La présence d'argile a également permis l'implantation de plusieurs tuileries. Ces éléments naturels employés dans la construction marquent profondément les paysages de la commune.

Les Vals de Gartempe et Creuse sont traversés par plusieurs rivières qui proviennent du Massif central et coulent vers le nord en direction de la vallée de la Loire. La commune de Vicq occupe les deux rives de la Gartempe, quelques kilomètres en aval du confluent avec l'Anglin, et quelques kilomètres en amont de celui avec la Creuse. La Gartempe traverse la commune du sud vers le nord, à une altitude de 64 mètres. Une large vallée s'étend sur la rive gauche au nord de la commune (les Touches, Chantegros, la Balière), avec de grandes étendues planes constituées d'alluvions (débris déposés lors de crues). La vallée est beaucoup plus étroite au sud, où sont visibles des affleurements rocheux à proximité de la rivière, comme au Bédoué. L'ouest et le sud de la commune présentent un relief vallonné, avec des collines dépassant les 130 mètres d'altitude et des vallées drainées par de petits ruisseaux se rejoignant près de la Baudonnière, formant le ruisseau de Ris qui se jette dans la Gartempe au nord de la commune.

Quelques bois sont disséminés dans les zones de relief, le plus important occupant un coteau au sud de la commune, entre le Vivier et la Berthomière. Les champs, partagés entre prés et céréales, sont parfois bordés par des haies à l'ouest et au sud. Ces haies sont beaucoup plus rares au nord et à l'est. Quelques champs de vigne sont encore présents aujourd'hui, mais cette culture a particulièrement décliné lors des dernières décennies.

L'habitat s'est implanté de façon dispersée mais rares sont les fermes isolées. Cet habitat est constitué de plusieurs gros hameaux comprenant une dizaine de fermes ou maisons. Certains occupent les sommets des collines (Montin, la Moralière, la Contensinière). Le bourg de Vicq-sur-Gartempe s'est développé sur la rive gauche de la rivière, en léger surplomb.

L'évolution de la population de Vicq-sur-Gartempe est assez comparable à celle des communes voisines d'Angles-sur-l'Anglin, Saint-Pierre-de-Maillé et La Bussière avec une croissance irrégulière jusqu'au milieu du 19e siècle, où elle atteint son maximum de 1907 habitants en 1856. Elle est ensuite en baisse constante jusqu'en 1990 où elle atteint un minimum de 668 habitants (un tiers de la population maximale). Elle semble se stabiliser depuis cette date avec 680 habitants au recensement de 2012. Les pertes liées à la Première guerre mondiale sont très accentuées par rapport à la mortalité strictement liée au conflit, la population passant de 1440 habitants en 1911 à 1270 en 1921, soit une perte de 170 habitants.

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